Corey Bartle-Sanderson
CARRIERS
4.SEP.2025
CARRIERS
4.SEP.2025
Home is something. Un endroit où l’on peut s’extraire du monde, et s’étendre tout·e entier·ère dans le sien. Quand on a la chance d’un tel endroit—d’être pourvu·e d’un toit, de murs pour préserver notre chaleur corporelle—on peut le remplir d’objets, le rendre confortable, plein d'histoires qui nous sont chères, qui nous rassurent—et même de fleurs coupées pour l’occasion. Laissés là quelque temps, jusqu’à ce que la poussière vienne les ensevelir.
Agent de dégradation, la poussière est considérée comme physiquement néfaste : elle retient l’humidité, provoque l’oxydation, s’infiltre dans les fibres textiles, altère les pigments. Esthétiquement dérangeante ou signal de négligence, elle requiert de plus un effort sempiternel. La poussière est considérée comme un corps étranger, une menace silencieuse, symbole du temps qui passe. Elle trahit avec précision certaines habitudes que nous prenons à l’égard des objets : ceux dont on fait fréquemment usage qui ne s’en laissent que partiellement recouvrir, ceux que l’on époussette consciencieusement, et les autres chargés de souvenirs qui nous racontent, exposés, puis oubliés, parfois retrouvés, ou subrepticement abandonnés sur un trottoir, renvoyés dans un colis, vendus en brocante, stockés, perdus…
Inlassablement, le fastidieux travail de lutte contre la poussière contribue à stabiliser l’objet dans une forme figée, idéalement hors du temps, dans une sorte d’éternité climatisée. Mais cette opération est aussi fiction de pureté. La poussière rappelle que les objets sont poreux, vivants, situés. C’est pourquoi l’un des grands principes de conservation préventive est la mise en quarantaine : atmosphères contrôlées, vitrines hermétiques, protocoles de nettoyages réguliers, matériaux inertes.
Cette lutte contre la poussière soulève une tension éthique et philosophique : en éliminant systématiquement la poussière, que préserve-t-on au juste ? L'objet dans son état original ?
Agent de dégradation, la poussière est considérée comme physiquement néfaste : elle retient l’humidité, provoque l’oxydation, s’infiltre dans les fibres textiles, altère les pigments. Esthétiquement dérangeante ou signal de négligence, elle requiert de plus un effort sempiternel. La poussière est considérée comme un corps étranger, une menace silencieuse, symbole du temps qui passe. Elle trahit avec précision certaines habitudes que nous prenons à l’égard des objets : ceux dont on fait fréquemment usage qui ne s’en laissent que partiellement recouvrir, ceux que l’on époussette consciencieusement, et les autres chargés de souvenirs qui nous racontent, exposés, puis oubliés, parfois retrouvés, ou subrepticement abandonnés sur un trottoir, renvoyés dans un colis, vendus en brocante, stockés, perdus…
Inlassablement, le fastidieux travail de lutte contre la poussière contribue à stabiliser l’objet dans une forme figée, idéalement hors du temps, dans une sorte d’éternité climatisée. Mais cette opération est aussi fiction de pureté. La poussière rappelle que les objets sont poreux, vivants, situés. C’est pourquoi l’un des grands principes de conservation préventive est la mise en quarantaine : atmosphères contrôlées, vitrines hermétiques, protocoles de nettoyages réguliers, matériaux inertes.
Cette lutte contre la poussière soulève une tension éthique et philosophique : en éliminant systématiquement la poussière, que préserve-t-on au juste ? L'objet dans son état original ?
La poussière est aussi une faveur faite aux objets : une possibilité de vieillir, de périr, d’être oubliés. De s’éteindre dans la paix, dans un repos hors de l'usage. La poussière les honore, ils demeurent silencieux. Tenter de l’eradiquer, c’est renouveler une nécessité existentielle, revendiquer une obligation de servir—au moins à quelque chose.
Dans cette exposition, Corey nous sensibilise à ce langage. Il parle du nid, linceul pour notre mémoire, de la poussière comme une cataracte de tendresse, une bulle nostalgique, une joie qui vous ancre systématiquement dans le présent : par l'écart qu'il creuse entre son souvenir et cet instant. Corey évoque la manière dont on chérit ces objets et ces lieux qui nous habitent—de la manière dont on les préserve, dont on les scelle comme pour les aimer plus longtemps encore. Il duplique ce qui est éphémère à l'identique, pour le maintenir disponible au regard, et faire durer plus longtemps ce qui devait fâner dans l'instant. Le nid, c'est se sentir chez soi, quelque part, après avoir compilé, collectionné, choyé, cumulé, préservé, exposé, rangé, entretenu, emballé, archivé, protégé, arrangé, réparé. S'entourer de sens et de valeurs.
De cette matière douce et minuscule, comme passée entre
des milliers de tamis, Corey en révèle les qualités plastiques et la profondeur nécéssaire qu'elle opère dans l'interaction avec les objets qu'elle recouvre—comme pour souligner ce que le passé fait concrètement aux choses du présent. Ainsi révélée, elle se caractérise d'une grande minutie qui, aussi finement que son sujet, confère à chaque chose un soin immense : dans les répliques d'objets éphémères en résines, dans le choix des éléments collectionnés et compilés, et de tous les détails qui les arrangent ensemble.
Ainsi, Corey nous donne l’opportunité de regarder avec attention la scène qui se crée, de questionner sincèrement les objets que l'on regarde et le contexte qui les situe. Corey nous offre le pouvoir de créer un souvenir que l’on va chérir longtemps. Et une opportunité de regarder à travers ses yeux. Bleus.
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ANALOG PHOTOS Raphaëlle Serres
BAR Patoue & Raphaëlle
RESIDENCE spasss
CETTE EXPOSITION FAIT PARTIE DU PROGRAMME
RendezVous, Brussels Art Week
PERCEUSE-VISEUSE Renaud Baeckelandt
SCIE-SAUTEUSE Matthieu Michaut
MATERIEL PHOTO Andy Simon (Studio)
POEM Sam Blackwood
HOST François Patoue
BAR Patoue & Raphaëlle
RESIDENCE spasss
CETTE EXPOSITION FAIT PARTIE DU PROGRAMME
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SCIE-SAUTEUSE Matthieu Michaut
MATERIEL PHOTO Andy Simon (Studio)
POEM Sam Blackwood
HOST François Patoue