1ND3X
AUDIMAT
13.AUG.2025
AUDIMAT
13.AUG.2025
D’une certaine manière, on pourrait penser Internet comme l’extension non seulement de notre psyché individuelle, mais aussi de notre psychisme collectif. Chaosmotique, faite de subjectivités, de signes, de désirs, externalisés de leurs empreintes charnelles, exportées de leurs mémoires biologiques. Ces subjectivités sont mutantes, transversales, poreuses, fragmentées. Par l’ininterruption de son flux, le monstre se nourrit insatiablement de nos usages, dont les attraits au neuf, au nouveau, sont invariablement joints à ceux du périssable.
Que la nostalgie donne une carrière à n’importe quoi n’empêche pas pour autant la course aux ruptures avec le passé, ce que la contemporanéité devrait prétenduement poursuivre sans relâche. Internet c’est une archive du futur, et comme peu d’autres phénomènes en sont capables, Internet excelle à aiguiser notre conscience du présent. Cela, témoigne quelque chose de nous-mêmes : un instant il est permis de nous situer, quelque part, dans des temps sempiternellement millénaires que notre condition de chair ne saurait trop différencier. Si l’accent est porté sur le présent, le direct, l’immédiat, le live, le changement vient rabattre si vite les cartes qu’il devient difficile de comprendre le jeu. Son rythme trahit l'envie de court-circuiter la désuétude de ce qui appartient sitôt au passé ; et dès qu’apparaît cette envie, la distance avec ce qui fait l’actualité, dans son immédiateté, devient quasiment mesurable—et insoutenable : elle dit mon éloignement et ma proximité à ce qui se passe dans le monde—que j’aurais tout intérêt à entendre si j’existe quelque part en ce même instant. POV.
Que la nostalgie donne une carrière à n’importe quoi n’empêche pas pour autant la course aux ruptures avec le passé, ce que la contemporanéité devrait prétenduement poursuivre sans relâche. Internet c’est une archive du futur, et comme peu d’autres phénomènes en sont capables, Internet excelle à aiguiser notre conscience du présent. Cela, témoigne quelque chose de nous-mêmes : un instant il est permis de nous situer, quelque part, dans des temps sempiternellement millénaires que notre condition de chair ne saurait trop différencier. Si l’accent est porté sur le présent, le direct, l’immédiat, le live, le changement vient rabattre si vite les cartes qu’il devient difficile de comprendre le jeu. Son rythme trahit l'envie de court-circuiter la désuétude de ce qui appartient sitôt au passé ; et dès qu’apparaît cette envie, la distance avec ce qui fait l’actualité, dans son immédiateté, devient quasiment mesurable—et insoutenable : elle dit mon éloignement et ma proximité à ce qui se passe dans le monde—que j’aurais tout intérêt à entendre si j’existe quelque part en ce même instant. POV.
Audimat, dans le cadre de l’émission TR13ZE, est une excursion depuis l’errance numérique de Martin et Nicolas, libres sourciers. Leur pratique documente le mouvement de ces flux, entre ressources subjectives, frictions qu’opèrent Internet, contre-cultures et contextes de travail.
Cette chaosmose dans laquelle se perdre, utopie imparfaite et idéale, fait oublier au temps qu'il passe. En naviguant, on active une forme de tension intime : à l’heure de l’ornementation individuelle, Internet s'illustre par les multitudes de communautés donnant appuis aux individu·ex qui s'ébattent en quête d'autonomie intérieure ; et dont l'amour-propre exige une distinction qu'Internet rétribuera favorablement dans la participations en idées. Ainsi, je lutte contre l’anonymat et l’effacement, en participant activement à la production de la mise à jour de ce qui fait cette réalité, grâce aux outils qui sont les miens, et dépasse un monde matériel, limité et structuré. Par cette voix, je peux également feindre d’échapper à l’angoisse du conformisme.
Free est un mot anglais double qui fusionne deux réalités distinctes en français : libre, dans un sens politique et existentiel ; et gratuit, au sens économique et fonctionnel. Internet joue subtilement des confusions tant utiles ou dangereuses desquelles naissent ce même type d'ambiguïtés.
L’économie du don est au cœur des échanges en ligne : un système fondé non sur la transaction marchande, mais sur la circulation de contenus, de savoirs, d’affects—qui créent des obligations réciproques, des formes de solidarité spontanées. Cette économie symbolique, parfois pervertie mais tenace, constitue une des architectures invisibles de l’Internet social. Elle transforme en profondeur nos modes de communication de manière virale ; cette métastase du langage continue de structurer notre monde, d'affecter nos codes sociaux, moraux, et culturels—et en nous en rendant conscient·ex, il nous rend aussi critiques.
Free, il incarne une promesse de liberté et de gratuité qui, dans les faits, se heurte à des logiques de contrôle et de profit. Parler d’un Internet anarchique, c’est peut-être moins affirmer un état de fait que désigner une tension permanente entre l’idéal d’un espace librement partagé, et les forces qui cherchent à en fixer les règles.
Face à cette tension, certain·exs veillent à préserver quelques principes fondateurs d’un Internet libre, décentralisé et solidaire. Ces vigies numériques nous rappellent que l’utopie d’Internet n'existe pas plus que son chaos ne s'ordonne, son esthétique est son éthique : une représentation complexe de réalités en split screens. Une entreprise chère au cœur d'1ND3X, donc la stratégie serait celle du déminage.
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ANALOG PHOTOS Raphaëlle Serres & Eléonore Bonello
Le bar a été assuré par Eléonore, Renaud et Raphaëlle
Un multiple a été édité à l’occasion de l’évènement en 50 exemplaires
Le bar a été assuré par Eléonore, Renaud et Raphaëlle
Un multiple a été édité à l’occasion de l’évènement en 50 exemplaires