Matthieu Michaut
FEU AU LAC
12.FEB.2025
FEU AU LAC
12.FEB.2025
Autre écho à l'écriture, quelques cartouches d'encre retravaillées en séquences ; sans verbe, sans logos, comme des clichés photographiques de ces mêmes végétaux balayés par le vent, mouvements capturés un instant sur sa ligne d'horizon.
Outil d'écriture.
Encre.
Histoire, donc.
Le retour ou le souvenir de la maison, au bord du lac. Moments d'écritures, souvenirs brûlants, tâches d'encres, papier thermique. Folklore du lac, lieux de fêtes et éléments incadescants, manquants de tout faire brûler.
Utile de préciser peut-être que je connais bien l'artiste, avec qui nous travaillons et échangeons dans une joyeuse et étroite collaboration—dont je l'en remercie chaleureusement ici.
À l'occasion de cette exposition Feu au lac, Matthieu me propose de déployer via le texte d'exposition un narratif fictionnel inspiré des atmosphères suggérées par les pièces.
Un multiple est également édité à cette occasion.
Sur le quai, vieilles pubs pour des cartes de banque. Pas de bornes de retrait. Pas d’échappatoire. L’après-midi se structure en segments transitoires, pénibles. D’une gare à une autre, un train, rails ligne r, un bus, bord de route puis chemin piétonnier. J’avance, passe devant un homme qui pisse contre un mur, un distributeur, journal 20min, guichets fermés, courant d’air. Ça pue la sève crasse, l’ameublement public colle et sur quatre ou cinq axes sont garées les mêmes bagnoles en rangées colorées, dont je connais par cœur la séquence. Ce n’est jamais la dernière fois que je retourne chez moi, j’ai un temps cru ne jamais devoir y revenir mais c’est toujours pareil ; le même chemin déserté ou peut-être un bonhomme au loin dont je ne vois pas les jambes bouger, galère lui aussi. Sous mes semelles, je bats la mesure et ponce le sol, davantage friable depuis l’incendie.
Communiqué du département de
Seine et Marne
Suites aux incendies,
fêtes et feux de Juin
Communauté d’agglomération
zoho-zoha
Département des ressources environnementales et sociales
faunes, flore et vies
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Les autorités publiques déclarent, suites aux dérives des festivités de Juin et débordements des feux d’artifices annuels, que le territoire est déclaré inhabitable, de manière anticipée et précipitée, en raison de l’incendie propagé ces derniers jours. La zone, déclarée Terrain de Désurbanisation Urgente des Habitats et Infrastructures depuis les nouvelles normes environnementales issues des derniers rapports du Giec, devient Zone de Non Traitement (znt) à compter de ce jour. Si les conditions d’habitation étaient rendues extrêmes en raison de l'aridité soudaine par la dégradation du biome de la région—allant jusqu’à la décrue totale du lac, lui-même ancienne carrière devenue appendice de la Seine—provoquée par les réactions en chaîne des perturbations climatiques dont la prolifération de végétaux robustes à ces mêmes conditions, résolument hostiles à la cohabitation (terrains impraticables, surpopulation d’espèces végétales envahissantes, pollution et saturation de l’air, particules hautement irritantes,..), nous sommes tenus aujourd’hui d’interdire tout séjour dans la région. Les autorités et structures administratives ont d'ores et déjà été délocalisées—veuillez suivre les mêmes dynamiques migratoires par secteurs.
Les dégradations comprennent toute la zone depuis la gare jusqu’au cimetière, du grand champ et de la station d'épuration.
Suite à l’incendie, la municipalité tente d’achever le scénario des événements qui nous place aujourd’hui dans cette situation radicale, et qui ne nous permet pas d’obtenir des réponses avant d’en subir les conséquences.
Lestée par de grosses agrafes, la lettre encore longue est accompagnée de toutes les démarches pour dépeindre un joyeux bordel. Bien que le pilier d'un système de contrôle bureaucratique, vertical et monolithique, soit composé d'un quantité colossale de papiers—l'un des matériaux les plus hautement combustible—force est d'admettre qu'il se consume bien plus lentement.
Inutile de demander que nous ne jouions pas avec des boîtes d'allumettes.
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a§s
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Matthieu Michaut, That’s not a corn dog, acier et sable, dimensions variables, 2025
Matthieu Michaut, Sans titre, boîtes de cartouches d’encre LAMY (T10), 38 × 70 × 8mm, 2025
Matthieu Michaut, HOME, armoire à clé, tickets de caisse, cierges magiques, photographie et clé de maison, dimensions variables, 2025
ANALOG PHOTOS Eléonore Bonello (TOP)
Impressions des cartes et du texte d’exposition par Eléonore Bonello
Façonnage des multiples par Matthieu Michaut et Thomas Michaut
Le bar a été assuré par Eléonore, Tanya et Renaud
Des fleurs ont été offertes par Renaud
Le scan du multiple a été réalisé par Matthieu
Multiple édité dans le cadre de l’exposition